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Mes histoires de famille
19 novembre 2017

Et si je vous racontais Baptistine?...

baptistineC'est la mère de mon arrière grand père maternel

Baptistine -  1884

Au soleil de cette fin d’été, je marche le long de la grand rue de Ste Croix. On m’attend pour préparer le repas des vendangeurs. Je me presse, mais je me sens si lourde et mon ventre  si  bas ! Bientôt mère !...Cette pensée m’arrache des sourires mais toujours avec une certaine amertume…

Et Ste Croix s’étend devant moi : je descends du haut du village, de la maison de l’aubergiste où nous logeons Auguste et moi. Quel doux plaisir que de descendre cette rue étroite emprisonnée entre les maisons de pierres qui me protègent du soleil ! Le souffle du vent d’ouest s’y engouffre, et je me sens plus légère ! C’est comme s’il me poussait vers le bas du village, comme si je volais !...Ici,  le pays est plus chaud que chez moi, moins venteux qu’à  La Touche…Ce n’est pas si loin et pourtant si différent ! On ne voit pas le Rhône d’ici, et on est comme étriqué dans ces montagnes. La Drôme passe au bas du village, tout près de la montagne d’en face ! La Drome y coule à gros débit : elle est si vive et la nature  exagérément sauvage ! On est dans les monts du Quint, accolé aux plateaux avant du Vercors. Ah, que ce fut dur de quitter mon pays, la Drome provençale… même si j’étais avec Auguste, mon mari. On est marié depuis le début de l’année.  Mais, nous nous connaissons encore bien peu….Nous sommes arrivés ici il y a quelques mois grâce à mon frère qui y vit avec sa famille : sa femme, Paul Elie et les 2 jumeaux, 2 bambins, tout jeunes d’à peine 1 an... Il avait quitté depuis quelques années La Touche, pour vivre dans le pays de sa femme à Ste Croix. Ils vivent chez M’sieur Paulin, le père de Zélia, un fermier du village...  Pour finir la voie ferrée, il manquait des bras pour construire les ponts et les viaducs, mais aussi les murets qui bordent les voies. Autant de kilomètres de voies et autant de murets et de murs de soutien, des fois que les pierres tombent sur la voie ! Ici, la montagne est raide, pentue, et très rocailleuse. Maintenant, la voie de chemin de fer entre Crest et Die est presque terminée. Auguste y travaille tous les jours ; il faut la finir car son inauguration est prévue au printemps : en ce moment, ils sont sur la fin de la construction des murs de renfort entre St Auban et Die, la voie sera bientôt finie et les trains vont changer la vie des  pays !

Sainte Croix, début du 20 ème siècle

Les trains m’ont toujours intriguée, du plus longtemps que je les ai vus ! Il  y en avait déjà quand je vivais à Montélimar. J’ai pris le train une seule fois pour rejoindre Valence, avec mes amies. La gare fonctionne depuis 1854 …Je suis née un an après ! J’ai passé 4 ans dans ce bourg et on allait souvent voir passer les trains, quand on avait congés. On adorait, en jeunes filles curieuses et riants de tout, voir ces grosses machines bruyantes et fumantes arriver en gare. Quelle force ! Quelle puissance…et des odeurs de charbon brulé, de mécanique chaude et de vapeur d’eau usée... Les chauffeurs étaient tout noirs de suie, mais si séduisants, aimables, toujours prêts à nous sourire, quand après la gare, on se faufilait pour leur agiter notre mouchoir en guise d’au revoir !

Curieuse ironie : je suis mariée à un ouvrier du chemin de fer, moi qui aime tant les trains, et tout le charivari autour des locomotives, des rails et de la vapeur qui s’échappent des cheminées et des soupapes autour des roues, avec des cris de dames effarouchées, si fières de trainer tous ces wagons !...

Allez, je rêve sur mon passé … Pourtant, je suis une jeune mariée : une fille de 30 ans, ce n’est pas facile à trouver épousailles, et  par-dessus tout quand on est veuve ! Nous avons fait la noce en janvier, car le travail promis à Auguste nous forçait de quitter vite La Touche pour Ste Croix. Et puis, c’est tellement plus facile d’avoir tous  ses proches, l’hiver. En cette saison il y a moins d’ouvrages dans les champs, ou dans les vignes. Auguste est du pays de Portes en Valdaine, le village qui jouxte la Touche, tout prêt de chez moi.

Il y a plus d’un siècle, du côté de la mère d’Auguste, les « Mirabel » étaient les châtelains de Portes. Ils descendaient d’une famille qui a comptée dans le pays. Ils étaient marchands de soie, avant de devenir les « maîtres » du village. Mais depuis la révolution, ils ne vivent plus au château…et vivent de la terre. Ils ont quelques hectares et sont propriétaires de belles parcelles de vigne.

Par contre, du côté de son père,  tous les enfants  étaient maçons. Mais surtout, depuis des générations ils étaient de la religion de la réforme… Ils viennent du fond de la Drôme, dans les montagnes des Couspeau. Sa grand-mère venait du Poët Laval, un des villages perchés, comme on les appelle…Des paroisses qui étaient passées à la réforme il y a plus de 300 ans. Les gens vivaient très soudés entre eux, souvent cachés sauf quand ils étaient regroupés dans certains villages.

Auguste est catholique, comme ses parents et grands-parents. Pour notre mariage, on s’est uni à l’église de Portes. Mon père n’était pas peu fier de me conduire à l’autel, lui qui avait bien eu autant de peine que moi, il y a 5 ans quand j’ai perdu mon premier mari !… Mais, en sortant de l’église, le vent du Nord avait balayé les nuages et le froid avait fait place à la douceur sous le soleil. Le vent  soufflait un froid vif et en janvier, ce soleil réchauffait à peine mon corps tremblant sous ma robe. On a fait la noce à La Bégude à l’auberge des Pourtier. Après la messe, on est tous partis en chariot à bancs…sauf nous, transportés en fiacre ! Que n’aurais-je donné pour  ne pas abimer ma belle tenue  !... Mon promis avait même accepté que ma robe soit une jupe « de la ville » qui changeait de celles que nous portions traditionnellement. C’est Auguste qui me l’a offert…Chez nous, c’est la coutume. Et moi, je lui ai offert sa chemise : une belle chemise blanche avec des petits boutons blancs, qu’il a mis sous son gilet noir…Quant à moi, c’était une robe blanche avec une jaquette près du corps, garnie de boutons nacrés sur le devant qui couvrait le départ à la taille d’une longue jupe blanche parsemée de points grèges très fins.

Un voile léger sur mes cheveux ramassés juste derrière le cou. Une étole blanche et beige assez épaisse me permettait de ne pas avoir  froid.

 

Menu de Mariage

Baptistine et Auguste

19 janvier 1881

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Consommé de volaille

Bouchées à la Reine

Filet de sandre en sauce royale et ses cardes

Poularde à la régence sauce française

Ravioles au fromage de Romans

Gaufres garnies de plombière

et

gelée d’abricots confits

 

 

 

 

C’était bien rare pour moi de monter en fiacre : mais le maire de Portes en possède un  et c’est un grand ami de la famille d’Auguste... Heureusement, La Bégude n’est pas loin !

A l’auberge, ce fut un menu simple, car on n’est pas riche mais je m’en lèche encore les babines ! … Mes amies de Montélimar étaient venues partager mon bonheur…Elles étaient montées avec l’épicier qui venait de faire provisions de marchandises et qui avait bien voulu les amener ! Quels rires en les voyant toutes les 3 serrées sur le banc à l’avant de la charrette avec l’épicier de Portes!  On les a faites dormir chez ma tante. Toutes les quatre timides au début de la soirée, on a vite retrouvé nos habitudes : on aurait dit des jeunesses ! Elles ont été impressionnées et pleines d’envie par la beauté et la finesse  de ma robe. Clotide Barthale la couturière de La Bégude de Mazenc avait fait des merveilles ! Clotide est à peine un peu plus âgée que moi. Après la mort de Maman, elle m’avait confié plusieurs ouvrages durant quelques années …Elle a fait tout son possible pour me confectionner une belle robe, et pas chère…Elle était bien heureuse de me réaliser une robe avec une tournure comme à la ville !

Mon mariage nous rappelait nos années d’amitié à Montélimar. C’est vrai qu’on a vécu tant de moments de complicité ensemble, durant les 4 ans que j’ai passé là-bas. J’avais été placée comme ménagère puis comme aide à la cuisinière dans une maison bourgeoise. C’est là que j’ai connu mes amies….Le dimanche après-midi, on se promenait sur les allées près de la gare: on adorait aller guetter les trains qui s’arrêtaient  en gare. C’était tellement nouveau pour moi, qui sortais de mes collines !

On était une petite poignée de filles, plus tout à fait des jeunesses, mais on se retrouvait le dimanche après midi, souvent le seul moment d’évasion  après un dur labeur de la semaine ! Il y avait Marie-Henriette, une fière ardéchoise, qui travaillait au linge de la maison où j’étais employée en cuisine. Elle vivait sous les toits et n’avait pas de famille à Montélimar : sa mère habitait Lussas, entre Aubenas et Montélimar. Son père, lui,  était mort. Une fille douce, courageuse, qui trimait dur dans la chaleur de la cave quand le linge bouillait dans la grosse lessiveuse et au froid des lavoirs quand il fallait aller le battre, le rincer et l’étendre dehors. Elle habitait maintenant à Aubenas. Elle était veuve elle aussi…On s’était connues et on s’était entendues tout de suite.  Une grosse partie de son salaire était pour sa mère ; on gagnait presque 2 francs par jour, et il fallait payer encore nos repas…autant dire qu’il ne restait pas grand-chose à envoyer aux familles !...Maintenant, Marie-Henriette est promise ! Elle va se marier l’an prochain, avec un cultivateur d’Ucel, juste à côté d’Aubenas. Elle avait quitté Montélimar en même temps que moi, pour  se rapprocher de sa mère, plus bien vaillante, trop fatiguée. Elle était ménagère et travaillait sans répit.  Mon amie avait trouvé embauche dans une usine de soie, comme ouvrière. Elle pensait être plus libre ! Quand elle est venue à mon mariage, elle avait déjà décidée de quitter l’usine après s’être mariée…

Elle préférait retrouver la terre de son enfance, les champs et la liberté !

 

       

Et puis il y avait Joséphine, ma grande amie, si grande à côté de moi, et si mince. Toujours rieuse : un air de fête à elle toute seule ! Joséphine venait de Romans et c’est elle qui m’a appris à fabriquer les ravioles. En effet, elle avait travaillé au café Gélibert, place de l’hôtel de ville. Elle était même bien copine avec la fille des cafetiers, Marie Louise. Joséphine et Marie Louise se retrouvaient en cuisine : c’est comme ça qu’elles ont appris ensemble les différentes recettes de ravioles. La base est toujours la même, on y mélange des légumes pour confectionner une farce qui trouve sa place dans un écrin de pâte à base de farine, d’œufs et d’eau. C’est délicieux et au début du siècle c’était un plat de carême, sans viande. Pas bien cher à cuisiner, dans les fêtes, c’est aussi bien pratique : tout le monde aime ce plat  populaire. On y ajoute souvent du fromage des Alpes, pour accentuer le gout de la farce et on les cuit dans un bouillon de poule au pot, et ça, c’est un pur délice ! Même des « raviolleuses » sont spécialistes, et dans les grandes villes ou les gros bourgs, elles vont de maisons en maisons pour préparer  les « grosses » de ravioles. Une grosse, c’est douze douzaine de ravioles…Pour les fêtes, on compte souvent 1 grosse pour 2 hommes ou femmes !

 

Allez, me voilà maintenant arrivée à l’auberge…Le raisin était prêt à cueillir depuis 2 ou 3 jours. Mais les équipes étaient encore du côté de Die. Hier soir, une douzaine d’hommes s’est annoncée pour ce matin. Les patrons préparaient depuis plusieurs jours les hottes et les foulons, repéraient les parcelles les plus mures. La clairette est née et cela fait bien longtemps qu’elle est fabriquée ici ! Depuis les romains c’est devenu une tradition, mais bien avant, on raconte que  des gaulois avaient un jour abandonné des jarres remplies de vin dans une rivière un hiver durant…Après les avoir redécouvertes au printemps, ils dégustèrent un vin pétillant délicieux. Enfin, ce n’est peut-être qu’une légende ! Depuis des générations, les vignobles sont là, et que ce soit pour faire du vin ou de la clairette, les vendanges ont lieu, et c’est la fête !... Même pour moi qui vais faire le repas avec les autres femmes, c’est un peu la fête ! Le raisin ne tourne pas la tête que dans les verres : c’est aussi tout ce monde, tous ces hommes qui rient et plaisantent après l’effort  sous le soleil de notre midi !

Et moi, au soleil du matin, je reprends avec plaisir le chemin de la maison Serre. A chaque fois que Madame Louise a besoin d’aide, je gagne quelques sous à me mettre aux fourneaux. Ma tante Catherine, je crois que je l’ai toujours vue derrière ses fourneaux. J’adorais trainer dans la cuisine car il y faisait chaud, et les odeurs remplissaient autant mon ventre que mon imagination… Je crois que j’ai tout compris en la regardant : elle cuisinait les spécialités provençales  C’est elle qui m’a tout appris de ma vie de fille… Ma mère, je l’ai perdue quand j’avais 7 ans. : je n’ai presque plus de souvenirs d’elle, juste son sourire qui me revient parfois dans mes rêves. Comme elle m’a manquée…Je ressens encore la souffrance de la disparition. MA mère….si belle quand elle souriait ! …si tendre et rouspéteuse à la fois ! J’aimais sa tendresse même si elle pouvait être rude et qu’elle m’appelait souvent pour l’aider… J’avais peur que mon père veuille quitter notre village ; il se louait dans des fermes et parfois il partait pour plusieurs semaines. Alors, que serions-nous devenus, nous ? J’avais mon grand frère : nous sommes si complices ! Et puis, au fil des mois, des conversations entre ma tante et mon père, j’ai compris que l’on resterait à la Touche….. Ce n’était quand même pas tout perdre. Sans maman, pas facile pour mon père, de s’occuper de ses 2 enfants  et de travailler. Je n’étais qu’une petite fille, mais quand on s’est retrouvé tous les 3, notre vie s’est partagée entre la maison et celle de ma tante, sa sœur. Quand papa partait travailler, elle nous récupérait très souvent, c’est comme si on avait 2 maisons… ! On se connaissait tous au village  là où j’étais née. J’y avais mes souvenirs d’enfants dans les rues et dans les champs, quand j’accompagnais mon père, ou que j’allais lui porter son repas le midi dans les terres arides des collines de la Drôme provençale…Pour Maman, ma déchirure, c’était quand on a dû la laisser seule…seule au cimetière. J’ai tellement pleuré : je voulais rester auprès d’elle. Elle n’était pas toute seule au cimetière : pas tout à fait, car Pépé Paulet était aussi là avec elle. Je ne l’ai jamais connu le père de mon papa ; il est mort bien avant ma naissance. Et après c’est le père de Maman qui l’a rejointe : je m’en souviens bien car j’avais presque 20 ans…Mon papy était vieux : César, un sacré grand homme ! Il est mort si  âgé qu’on se demandait s’il ne vivrait pas toujours. 85 ans !

 

 

Mon père a tout fait, pour gagner de quoi nous faire manger. Il se louait dans les fermes : le plus souvent, il cultivait l’ail. En effet, dans  tous les plats, les cuisinières de Provence ajoutent de l’ail qui nous régale de saveurs. Au marché, après l’avoir fait sécher, les marchandes le vendent en fabriquant de belles tresses blanches et rosées. On dit toujours que c’est une très vieille culture de notre pays et que nos variétés donnent une texture moelleuse, un gout légèrement sucré… J’ajoute toujours de l’ail dans les plats de viande que je prépare et les hommes aiment ces goûts forts qui font ressortir les saveurs des légumes. Maintenant, mon père ne peut plus guère travailler. Il s’est remarié en début d’année avec Rose, avec qui il vivait depuis quelques années. Mais, le curé, il n’aimait pas bien cela. Cela ne nous a pas empêché de faire alors une belle noce, en avril dernier. Mon frère était si content de venir à la noce, avec ses 3 enfants : Paul Elie qui a 4 ans, et ses 2 jumeaux Albert et Gustave …. J’étais si heureuse de voir François et Pauline Zélie, sa femme, si fiers de leur marmaille ! Pour l’occasion, je me souviens bien, ma belle-sœur avait cousu de belles chemises avec une toile à rayures blanches et bleues pâle à mon frère et leur plus grand fils. Les 2 petits ne marchaient pas encore et sont restés très sages toute cette journée : ils étaient tous si beaux sous le soleil printanier. l

On était tous retournés à la Touche pour cette belle noce. Le banquet que les femmes avaient préparé dehors dans le pré du voisin a accueilli toute la famille. Le beau temps nous a accompagnés toute la journée, et mon père était si heureux, surtout quand je lui ai appris que j’allais lui donner un nouveau petit enfant ! Mon père ressemblait plus à un grand père qu’à un marié ! C’est qu’il va sur ses 70 ans le bougre ! Mais, il est encore très élégant. Son costume noir et sa belle chemise blanche à grands plis lui donnaient une sacrée allure ! 

Ce matin, je marche un peu plus lentement, car depuis une semaine la Juliette, la matrone du village, m’a dit que c’était pour très bientôt. Je suis grosse de mon premier enfant avec Auguste, et il ne veut pas que je m’épuise. Je ne suis pas une jeunesse, c’est vrai … Comme le temps s’enfuit, comme Germain, mon premier amour  me parait loin !  

Ma jeunesse est partie avec sa mort. Un si bel homme ! …Germain, c’était mon rêve d’adolescente, un amour fou et si bref !...Ah, tous les sentiers autour de Portes connaissent bien nos soupirs, nos rires et nos chuchotements d’avant notre mariage ! Je crois que c’est cela qui reste dans mon souvenir : on s’était choisi !

 

Quelle douleur lors de sa mort….Tout le monde me dit que c’est loin maintenant et qu’il faut que je pense à mon enfant qui va naitre cet automne. C’est vrai, cela fait déjà 6 années. Mais, je ne peux pas oublier l’amour de ma vie, celui que j’ai aimé en premier !...

Germain était un jeune homme pas très grand, les cheveux châtains, des yeux gris bleus un peu tristes, une jolie bouche qui éclairait  un visage ovale  au grand front. Il souriait toujours doucement, si  tendrement que cela me touchait tout de suite ! Il parlait toujours calmement, presque avec timidité. On s’était connu au bal. Il était maçon et travaillait dur pour construire des granges, réparer les maisons, reprendre les murs des chemins. Il était copain avec mon frère car ils s’étaient connus au régiment. Vite, … trop vite, on a vécu tous les deux un grand amour…Quelle chance on avait de se plaire ! Pas comme la plupart de mes amies qui devaient épouser un promis, que leur famille leur imposait…comme pour moi qui ait épousé  Auguste, le frère de Germain, en secondes noces. Il y a un peu plus d’un an, mon père m’a fait comprendre que je ne devais pas rester seule. J’avoue que j’aurais bien continué ma vie à Montélimar ! On travaillait dur dans les maisons bourgeoises mais on avait droit à des moments de sortie. L’ambiance entre filles était pleine de secrets, de promenades parfois, de rires et de complicité. On était en ville, et le travail était moins dur que dans le froid et le chaud des campagnes, quand on trime aux champs.

Mais, je dois quand même suivre la famille et je ne peux pas me plaindre, ils sont tous attentifs avec moi  et je les connais bien.

Germain et moi habitions au hameau de Garmonet, non loin de Portes en Valdaine. On vivait dans une toute petite maison, un petit chez nous… Germain est mort un an après notre mariage et surtout 3 jours après la naissance de notre petit Hilaire : un échafaudage est tombé à cause du vent du Midi et il était dessus! Il est mort après deux jours de souffrances et il n’y avait pas d’issue… Je me souviens encore de ses lèvres brulantes que je caressais de mes doigts attentionnés ; sa tête avait une grosse bosse, un énorme pansement et il souffrait avec un grand courage. La voisine lui faisait des potions, car le médecin l’avait visité rapidement et n’avait pas donné d’espoir. Il a perdu connaissance et  la douleur s’est estompée avec sa vie…jamais je ne le reverrais !…

J’ai donc abandonné la petite maison pour rejoindre mes beaux-parents, avec mon bébé. Mon seul espoir c’était que ce fils lui ressemble ! Mais, Hilaire était fragile et s’est éteint en septembre…6 mois, mon bébé…

Me voilà à nouveau enceinte, et le père de cet enfant est le frère de Germain. Si j’ai un peu de chance et si Dieu veut bien m’entendre, ce sera un garçon et il lui ressemblera !

 

Epilogue

Les 2 petits garçons de Pauline Zélie et François, le frère de Baptistine, ont été emportés par une grippe entre octobre et novembre 1884, juste après la naissance de Jeanne, la petite fille  de Baptistine et Auguste, née le 12/09/1884 à Ste Croix .

La voie ferrée entre Crest et Die fut mise en service le 1er septembre 1885. Alors, la fin de la construction de la ligne a vu  aussi le retour d’Auguste, Baptistine et Jeanne vers Portes en Valdaine, berceau de la famille Faure. Mais l’exode rural est en marche et Auguste quitte la Drôme pour la région parisienne, où il trouve un travail de peintre en bâtiment et loge à Levallois Perret.

Mon aïeul Marcel naît en 1887 à Portes …C’est le second enfant du couple.  Baptistine rejoint son mari à Paris avec les enfants quelques années plus tard, et elle occupera un emploi de concierge à Levallois.

Ils finiront leur vie après la première guerre Rue Brassat à Colombes.

 Baptistine, troisième en commençant par la droite

Baptistine en 1917 avec sa petite fille Henriette
 
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Mes histoires de famille
  • Mes ancêtres ont tous une histoire. Ils sont partis avec, mais m'ont transmis une partie d'eux mêmes. Envie de rechercher, de témoigner, de transmettre par des histoires revisitées de leurs vies, et j'ai l'impression d'avoir une grande famille avec moi !
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